Faire les soldes

Les soldes, c’est parti à Ruffec aussi. Et qui dit soldes, pour nous les femmes, c’est automatiquement ciblé fringues, chaussures et produits de beauté. Chic, presque toutes les vitrines affichent  50% de remise et ça peut aller jusqu’à 70% ! Pour certains magasins, l’étiquette de remise double l’étiquette du vêtement,  pour d’autres, elle est repérable par des pastilles pour d’autres encore l’ancien prix est barré et le prix soldé est en rouge. De toute façon, nous n’avons pas notre pareil pour dénicher la bonne affaire. Alors quand les affiches annoncent un 50% dans tout le magasin, c’est le bonheur total. Du coup, nous arpentons les allées sans nous soucier de rien d’autre que d’attraper tout ce qui nous plait. Un, deux, trois, quatre, cinq et plus de vêtements sur les bras nous nous dirigeons vers les cabines prises d’assaut. Mais par manque de temps, nous finissons par zapper l’essayage, persuadée que notre coup d’œil est fiable et que les tailles sont bonnes. A moitié prix, on en fera toujours quelque chose et au pire, on peut quand même échanger l’achat et si on ne trouve rien, on aura un avoir qui dans le meilleur des cas servira, tant pis pour les soldes ou finira, obsolète, à la poubelle. 

Le choix étant fait nous nous positionnons sur une des files de la caisse qui, elle est obligatoire. Donc, là, nous patientons. On jette un regard à droite, un autre à gauche, un encore au plafond pour ne plus se laisser tenter, on avance d’un pas, on glisse les vêtements d’un bras sur l’autre, on les passe en revue, réalisant que peut-être on y est allé un peu fort. Du coup, on se rend compte que la petite tunique au motif si plaisant dans les tons mort dorés qui se marieraient si bien avec le pantalon acheté aux soldes dernières et jamais mis faute d’un petit haut raccord, et bien, la tunique est trop courte. On ne peut pas acheter ça même en solde, on ne la portera pas. Alors on abandonne l’objet dans un rayonnage proche en veillant de ne pas perdre sa place dans la file. Et on regarde à nouveau ailleurs, pour passer le temps. Et on fait un autre pas tout en se disant que la caissière n’est pas bien rapide ou que les clients racontent leur vie. Arrive le tour d’une dame et ses deux fillettes et alors qu’elle présente un duo slip-soutien-gorge à la caissière, celle-ci déclame « Vous avez vu la pastille verte ? Ce vêtement n’est pas soldé ». « Comment ça pas soldé, c’est tout le magasin qui est en solde, c’est marqué sur vos affiches ! » (ça c’est dans le cas ou la cliente ose dire ce qu’elle pense, parce que la plupart du temps, la cliente est tellement gênée d’avoir été prise en faute de ne pas avoir vu la pastille verte qu’elle se tait tout en payant plein pot pour ne pas faire d’histoire) A la question de la dame qui a osé parler la vendeuse répond, sûre de son fait :  « si, c’est indiqué en tout petit. » 

La cliente qui espérait regagner l’air frais au plus vite se tourne vers ses filles pour leur poser la question qui tue «  Qu’est-ce qu’on fait les filles, on les pose ? » La mine défaite, les petites qui se voyaient déjà dépossédées des vêtements convoités n’ont pas répondu à la question.  Face au malaise de ses filles, la dame a payé plein tarif et la file a avancé d’un pas. Du coup, tout le monde farfouillait dans sa pile de vêtements pour repérer les pastilles vertes. Et voilà comment, la plupart d’entre nous, nous retrouvons avec des vêtements dont nous n’avons pas vraiment besoin, des vêtements qui ne nous vont pas tant que ça et une addition, finalement un peu salée. Vive les soldes !